AMSTENRAEDTER HAUS - HERRENHAUS (Eynatten).
Cet édifice fut appelé également Kleines Haus (par opposition à Grosses Haus, nom donné à Vlattenhaus) et aussi Reuschenberger Haus.
Les noms d'Amstenraedt et de Reuschenberg démontrent que, à certaines époques, les châteaux prenaient le nom de famille de leur propriétaires. Nous avons déjà fait cette constatation pour Vlattenhaus et nous la ferons encore à Waldenburghaus et à Philippenhaus.
Actuellement, Amstendraedter Haus est plus connu sous le nom de Herrenhaus (maison seigneurale).
Cette intéressante et vieille demeure est situé à deux cents mètres au nord de l'église d'Eynatten et à deux cents mètres au nord-nord-est de Vlattenhaus. Entre ces deux propriétés s'étendent des bâtiments de ferme et un grand vivier où s'ébattent des poules d'eau.
Comme Vlattenhaus, Amstenraedter Haus est tout entouré d'eau, mais il est construit sur un îlot, étroite plate-forme qui permet de le contourner à pied. Il n'est accessible que par un pont en pierre, à l'Est-Sud-Est. Sauf de ce côté, la nappe liquide est si large qu'elle rassemble plutôt à un vaste étang qu'à de simples fossés.
Cela contribuait d'ailleurs à renforcer la sécurité et l'on se demande pourquoi, si souvent, l'on se contentait de creuser autour de maison fortes des douves relativement étroites, alors que l'abondant débit des ruisseaux eût permis des travaux de protection beaucoup plus importants et plus efficaces.
Peut-être doit on tenir compte de ce que les fiefs du duché de Limbourg étant généralement de peu d'étendue, leurs propriétaires hésitaient à sacrifier aux fossés de défense quelques verges de terre cultivable, plus directement nécessaires à leur subsistance.
Le château comprend deux bâtiments rectangulaires parallèles, assez massifs, reliés à l'Ouest-Nord-Ouest par une troisième construction et, du côté opposé, par une muraille de même hauteur, fermant entièrement une cour fort exiguë. A ce mur s'appuient, vers l'intérieur, un auvent abritant les escaliers qui mènent à l'étage et, à l'extérieur,
dans l'axe du pont, un petit avant-corps carré du 17° siècle, moins élevé que les autres bâtiments ; sa flèche à quatre pans est percée d'une lucarne et surmontée d'une haute girouette.
Le château n'a qu'un étage ; ses fenêtres sont rares et petites ; certaines d'entre elles, cependant, ont été modifiées et agrandies. Les toitures à quatre versants des deux ailes, couvertes d'ardoises, sont remarquables par leur hauteur et leurs heureuses proportions ; leur faîte, orné de girouettes, est plus élevé que celui du bâtiment qui les relie vers l'Ouest ; elles sont garnies de quelques petites lucarnes, débordent largement les murailles et reposent sur des corbeaux en bois.
Le territoire d'Amstenraedter Haus dépendait, comme celui de Vlattenhaus, d'un domaine appartenant au lignage d'Eynatten ; mais il n'y existait à l'origine qu'un seul château. Nous avons vu dans la notice précédente que, lors du partage des biens de Thibaut d'Eynatten, il fut attribué au fils aîné, Pierre d'Eynatten, qui le remplaça par celui dénommé Grosses Haus.
Le fils cadet, Jean d'Eynatten, obtint dans sa part une autre portion du domaine familial et y fit également construire, dans la seconde moitié du 15° siècle, un château fortifié, que l'on baptisa Kleines Haus, pour le distinguer du premier.
C'est l'origine de l'actuel Arnstenraedter Haus.
Dans son ouvrage "Eupen und Umgegend", Rutsch dit que l'histoire de ces deux propriétés contiguës est si enchevêtrée qu'il est malaisé d'en donner avec certitude la suite des propriétaires. C'est ainsi que, au 15° siècle, il attribue Grosses Haus à Colyn Beissel et à Jacques de Rabothrath, puis à la veuve de Binsfeld, née Elisabeth de Benssenraedt. En réalité, le château semble avoir passé de Jean d'Eynatten, qui l'avait construit, au fils né de son union avec Marguerite van den Bongard.
Celui-ci épouse en 1398 Jeanne de Neubourg. La propriété est recueillie après eux par leur fils, Thibaut ou Théobald d'Eynatten, mari de Catherine van Mulken. Après leur décès, le château et les biens qu'ils possédaient à Eynatten furent attribués à leur fils, Servais d'Eynatten, qui épousa en premières noces Adélaïde de Schanradt ( +vers 1505), et en secondes noces Gertrude (de) Bock. Il retint de son premier mariage un fils, Jean-Nicolas d'Eynatten ( + 1535), qui hérita de la propriété et s'unit à Marie de Schwartz de Hirtz ; leur fille Agnès la recueillit à son tour et, par son mariage avec Jacques de Reuschenberg, la transporta dans cette famille. On appela dès lors le château Reuschenberger Haus.
Il passe à la fille des précédents, Catherine de Reuschenberg, unie à Cothard de Harff ; ils laissèrent un fils, Gothard de Harff, mari de N. Huyn d'Amstenraedt. Devenu propriétaire du bien, il en fait donation, en 1611 à sa soeur Anne de Harff, lors du mariage de celle-ci avec Frambach de Gulpen.
Mais, la donataire mourut sans hoirs et, à son décès, la propriété fit retour à ses neveux, les enfants encore mineurs d'âge de son frère Gothard de Harff. Ceux-ci enfin la cédèrent, en 1647, à leur oncle maternel, Arnold Huyn d'Amstenraedt, sgr. de Brusthem. C'est lui qui fit construire l'avant-corps devant la façade EstSud-Est du château.
Après sa mort, il passa à sa fille Claire-Anne Huyn d'Amstenraedt, qui l'apporte à son mari, Gérard van Dieden Malatesta, capitaine de cavalerie au service du roi Philippe IV. Gérard van Dieden Malatesta mourut dans les dernières années du 17e siècle.
En 1701, les biens furent saisis à la requête d'un créancier hypothécaire, le comte Philippe-Guillaume de Hoensbroeck, malgré le recours pris par la veuve du propriétaire. Les enfants de celle-ci parvinrent cependant à liquider les dettes au moyen d'un prêt qui leur fut consenti par Nicolas Moeren, d'Aix-la-Chapelle.
Ils rentrèrent en possession du château, mais le vendirent en 1704 à leur créancier, le dit Moeren. L'acquéreur meurt en 1709 et le bien passe à sa fille, Jeanne Moeren, qui s'était unie en 1687 à Jean-Gaspard Deltour, d'Aix-la-Chapelle. Celui-ci fit faire au château d'importantes transformations et lui donna son aspect actuel. En 1733, il échoit à son fils aîné, Gaspard-Godefroid Deltour, puis, à la mort de celui-ci en 1743, au cadet, Jean-Jacques-Joseph Deltour.
Ce dernier cède la propriété à sa cousine Anne-Marie-Thérèse Deltour, qui en 1746 se marie avec Nicolas-Léonard Charlier, ancien capitaine au service d'Autriche. En 1780, celui-ci vend le bien à Arnold Rômer-Lambertz, déjà possesseur du château voisin de Vlattenhaus. Il laisse Amstenraedter Haus à sa fille Sybille Lambertz, épouse d'André-Joseph Franssen, de Maestricht, mort vers 1845.
Son fils, André-Joseph Franssen junior, en hérite et ses enfants le recueillent dans sa succession. Parmi ceux-ci figurait Ferdinand-Jean-Jacques-Hubert Franssen, juge au tribunal de bailliage de Heinsberg. Celui-ci finit probablement par rester seul propriétaire, car le bien échoit à ses enfants ; l'un d'eux, André-Joseph-Hubert-Robert Franssen se le voit attribuer, par acte du notaire Schäfer, d'Aix-la-Chapelle, du 9 février 1903 ; il décède en 1946.
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C'est lui qui, le 25 juillet 1938, avait obtenu concession de noblesse et le titre personnel de Baron, ainsi que l'autorisation d'ajouter à son nom celui de "de Cortenbach", ancienne propriété de sa famille à Membach. Sa veuve, née Marie Tychon, et ses enfants sont les propriétaires actuels de la vieille Herrenhaus.
Sources: "LES DELICES DU DUCHE DE LIMBOURG de Guy POSWICK" - (1951).