La localité de Plombières doit incontestablement son rapide développement au cours du XIXe siècle à la présence de la mine de plomb que renferme son sous-sol.
Jusque vers le milieu du siècle dernier, Bleyberg n'était qu'un simple hameau au point de rencontre des trois communes de Gemmenich, Hombourg et Montzen.
Aux XIVe et XVe siècles, les vieux inventaires limbourgeois citent indifféremment « Bladersbergh, Blaesbergh, Bredersberg, Braesberg, Bleyberg ».
Ces diverses appellations désignent sans erreur possible un même lieu, le Plombières actuel.
Quand les gisements furent-ils découverts ?
Par qui et comment furent-ils exploités ?
Il est difficile de l'établir.
Il est certain que la mine est déjà exploitée vers le milieu du XIVe siècle.
En effet, c'est le 30 mai 1365 que l'on rencontre pour la première fois le nom de la mine de « Bradersbergh ».
A cette date, Jean van Wambeke, chanoine de Saint Servais à Maestricht déclare que Jean d'Othée, receveur du duché de Limbourg, lui a payé deux cents vieux écus de bon or et juste poids, pour le terme d'un an échu le 1er octobre 1364, de la pension lui octroyée par le duc de Brabant, Wenceslas de Bohème, à la charge de la mine de plomb appelée « Bradersbech » et la recette générale de la paroisse d'Aubel.
Le 23 septembre 1437, le duc de Bourgogne, en vertu du droit régalien des mines qui confère au souverain l'entière disposition des richesses du sous-sol, cède pour une durée de quinze ans le droit d'exploiter la mine de « Blaesberch » située dans le duché de Limbourg à trois bourgeois d'Aix-la-Chapelle : Herman Pael, Geryt Pael et Jean Bernage.
Cette concession est faite sous l'obligation de payer au duc la nône, c'est-à-dire la neuvième partie du minerai extrait.
L'acte de location reconnait aux concessionnaires le droit d'exploiter le plomb, la calamine, le zinc et le cuivre, de creuser le sol des tiers avec leur consentement et de prélever dans la forêt le bois nécessaire à l'exploitation de la mine.
Le même document stipule que les ouvriers du Blaesberg jouiront à l'égal des ouvriers des autres mines du Limbourg de certaines libertés, telles que liberté individuelle, liberté de posséder, liberté de s'approvisionner en marchandises, exemption d'impot.
Herman Pael et ses compagnons abandonnèrent bientôt l'exploitation de la mine envahie par les eaux. Peu après, le duc enferme la mine du Blaesberch à trois autres associés : Jean von den Moer, Guillaume Nekens et Pierre Danckaerts qui entreprennent aussitôt les travaux d'exhausse nécessaires.
Ces trois associés sont encore en possession de la mine en 1445, ainsi qu'en témoigne les comptes de Jean de Dalhem, receveur du Limbourg.
Dans les siècles qui suivent, la mine connaît des hauts et des bas, des moments d'activité et des périodes de chômage.
A diverses reprises, le travail dans la mine est rendu impossible, soit par des inondations, soit à cause des nombreux remous politiques et occupations militaires dont la région eut à souffrir.
Tout au début du XVIème siècle, le fermage de la mine se fait aux enchères. Vers la fin du même siècle, l'administration ducale s'occupe elle-même de l'exploitation de la mine.
Finalement, l'admoniation est abandonnée et l'exploitation en régie finit par être le mode préféré et le plus profitable.
Au début du XIXème siècle, les frères Cockerill demandent la concession des mines du Bleyberg. Le gouvernement hollandais les autorise à effectuer des recherches sous réserve d'obtenir des administrations communales les autorisations nécessaires. Ces dernières leur sont accordées par la municipalité de Montzen le 23 juin 1825. Cette municipalité leur accorde aussi l'autorisation d'ouvrir les anciens canaux et bures. Une année plus tard, la même commune permet aux frères Cockerill de construire une maison sur le bassin du Bleyberg. Ce bâtiment était destiné au placement des pièces de la machine à vapeur et à l'atelier pour les ouvriers.
Charles James Cockerill avait sans doute reçu des promesses formelles quant à la concession demandée car le 11 décembre 1827, il passe devant le notaire Ulric Antoine Ernst d'Aubel un acte par lequel il déclare qu'il a demandé la concession des mines de plomb de Bleyberg gisantes sous parties des territoires des communes de Gemmenich, de Hombourg et de Montzen.
Il déclare en outre agir en son propre nom ainsi qu'au nom de son frère John Cockerill, d'Etienne Péters, de Jean Hubert Jehenné, des demoiselles Lisette et Gertrude Péters, tous quatre rentiers et Dieudonné Lepomme, négociant, ces cinq derniers domiciliés à Aix-la-Chapelle. Tous se déclarent solidaires pour le cas ou la concession leur serait accordée de remplir les charges, clauses et conditions reprises dans l'acte.
En janvier 1828, les Cockerill construisent un établissement au hameau de Ten Eycken et y entreprennent des recherches.
Quatre mois plus tard, le 18 avril 1828, John Cockerill déclare renoncer en faveur de son frère Charles James à toute participation dans l'exploitation de la mine susdite.
Par arrêté royal donné à Loo le 15 juin 1828, Guillaume Ier accorde à Cockerill la concession demandée. Celui-ci reste, en fait le seul bénéficiaire de cette concession après retrait des autres associés.
L'exploitation reprend rapidement de l'extension et le 26 mai 1841 une nouvelle société est fondée par devant Maître Aussems, notaire à Aubel, sous la dénomination « Société du Bleyberg en Belgique » et sous la raison sociale en commandite « Barthold Suermondt et Compagnie ».
A son début, la nouvelle société végète, mais à partir de 1845, la mine connaît une ère de prospérité et le minerai est extrait en abondance, mais à grands frais. Vu le succès croissant, le 8 juillet 1846, les actionnaires déclarent le régime de la Société Anonyme préférable
à celui de la commandite et fondent la « Compagnie des mines et fonderies du Bleyberg ».
Le fond social est fixé à quatre millions cinq cents mille francs dont quatre millions représentent les apports faits par la société Suermondt et la famille Lampson. La valeur restante est souscrite par les banques FLaffite et Oppenheim. Du zinc amalgamé au plomb ayant été découvert en plusieurs endroits de l'exploitation, la société obtient la concession des mines de zinc gisantes dans le périmètre de la concession primitive, parce que le minerai de zinc est tellement agrégé au plomb que les deux substances ne peuvent s'extraire séparément.
La plupart des biens de la « Compagnie des Mines et fonderies du Bleyberg » sont vendus le 20 septembre 1851 à Monsieur Jean Henri Demonceau, commissaire d'arrondissement honoraire et directeur de la Banque Liégeoise. L'exploitation continue à se montrer active. Le 5 novembre 1852, après dissolution, une nouvelle société est fondée sous la dénomination « Société Anonyme de Bleyberg ès Montzen ».
Deux ans plus tard, des quantités considérables d'eau obligent la société à installer des pompes spéciales destinées à puiser les eaux des bures. En 1855 enfin, elle obtient la concession demandée en 1648, c'est-à-dire des mines de plomb et de zinc gisantes sous une étendue superficielle de cent douze hectares dépendant de Gemmenich, Montzen et Moresnet. Cette concession est augmentée de quatre cent septante trois hectares. De ce fait l'exploitation connaît un nouvel essor.
Les eaux de la Gueule continuant à s'infiltrer dans la mine, la société demande le 18 octobre 1861 l'autorisation de détourner cette rivière sur une partie de son cours dans la concession. La commune de Montzen marque son accord le 26 novembre suivant à la condition que la demanderesse fasse le bornage nécessaire afin de garder les limites séparatives des communes. La canalisation de la Gueule sur près de trois mille mètres coûte à la société environ deux cent mille francs.
Le 18 août 1862, Messieurs Ferdinand Spitaels, président du conseil d'administration et Remy Paquot, directeur gérant de la société introduisent une requête sollicitant à titre d'extension, la concession des mines de plomb, de zinc et de pyrite de fer gisantes sous cent soixante deux hectares dépendant de Moresnet et de Gemmenich et sous six mille six cent dix huit hectares dépendant de Hombourg, Montzen et Henri-Chapelle.
Malgré une demande en concurrence de la « Vieille Montagne », Bleyberg voit , sa requête agréée le 17 janvier 1867, pour une étendue de sept cent et un hectares.
Monsieur Remy Paquot, directeur de la société, a compris, dès son arrivée au Bleyberg, qu'il faudrait à l'exploitation des voies de communication plus rapides. Ainsi, après de multiples démarches, un arrêté royal en date, du 26 Juin 1869 le déclare concessionnaire d'une ligne de chemin de fer à construire de Welkenraedt à la frontière prussienne.
En revanche, l'Etat lui abandonnera pendant nonante ans la moitié des recettes brutes opérées du chef des transports de toutes natures qui auront lieu sur le chemin de fer à construire. Les affaires continuent à se développer et le 4 aoùt 1875, la société obtient sa dernière concession, d'une superficie de trois cent et huit hectares.
Afin de rendre l'entreprise plus lucrative, les actionnaires entreprennent dès 1881 des démarches pour s'associer plus étroitement avec la société leur procurant le minerai étranger. Le 11 octobre 1881, la dissolution de la société est décidée et le 24 novembre suivant a lieu la conclusion d'un accord entre les liquidateurs de la société du Bleyberg et Monsieur Emile Collin, représentant de la Compagnie française des mines et usines d'Escombrera. La fusion devient définitive par acte passé devant le notaire Dufour à Paris, le 3 janvier 1882.
Mais, début 1885, le gouvernement est saisi d'une vingtaine de plaintes émanant de propriétaires des environs du Bleyberg. Ceux-ci prétendent qu'en plus des poussières métalliques contenues dans les fumées, les cheminées laissent échapper dans l'atmosphère des gaz sulfureux, de l'antimoine et de l'arsenic ainsi que du mercure. Ils affirment que les fermes ne trouvent plus de locataires, que les propriétés se vendent à vil prix, que la mortalité est excessive dans le bétail, que les arbres fruitiers ne portent plus et que dans les prairies les mieux entretenues l'herbe fait place à la barbe de bouc. Le procès traîne et finalement le tribunal de première instance de Verviers condamne la société à verser certaines indemnités et l'oblige à prendre les mesures susceptibles d'éviter le retour à la situation passée.
Malgré la venue du minerai étranger, en 1896, le nombre de personnes y occupées est de trois cent soixante quatre.
On y travaille vingt-quatre heures par deux équipes se relayant à six heures et à dix-huit heures.
L'établissement produit du zinc brut en plaques, du plomb et de l'argent en barres.
Le 20 mai 1912, une assemblée générale des actionnaires de l'Escombrera-Bleyberg se montre favorable à la fusion avec la société minière et métallurgique de Pennaroya. L'acte est signé à Paris quelques jours plus tard et approuvé par arrêté royal le 20 mai 1919. Le 19 août 1912, Monsieur Paul Paquot est désigné comme directeur des établissements de la société à Bleyberg.
Pendant la guerre mondiale, la société est mise sous séquestre comme bien français. Après les hostilités, il y a une reprise partielle et cinq fours sont remis en activité jusqu'en 1922, date à laquelle la même société met en marche dans le Nord de la France une grande usine à plomb et à zinc située plus avantageusement aux points de vue transport, douane et commerce. Dès 1922 donc, tout travail cesse et le temps accomplit son oeuvre de destruction. Petit à petit, les bâtiments et les fours tombent en ruines. Le 15 février 1934, les deux cheminées se trouvant à proximité du chemin allant de la pharmacie à Vosheydt sont abattues. Début 1937, les puits Renaissance 1 et 2 près du viaduc, comblés depuis des années, s'effondrent. Enfin, le 2 mars 1939, la société Pennaroya vend tous ses biens de Plombières à la « Manufacture des Treillis et Toiles Métalliques », mais se réserve le droit de la concession des mines.